LA ROSE DE PROVINSRapportée des croisades par Thibault de Champagne en 1240, la rose de Provins est devenue l'un des symboles de la ville
La rose de Provins La " rosa gallica " est déjà célébrée par le poête grec Anacréon au VIe siècle av. J.C.
C'est sans doute la conquête romaine qui apporte en Gaule ces roses dites plus tard galliques, buissons résistants
et peu exigeants en soins.
En effet, la rose est présente sous forme de baume, d'essence, de pétales dans leur civilisation,
en particulier dans le culte des morts.
Au fil du temps ces roses n'ont cessé d'évoluer et des rosiers sauvages se sont développés à côté de formes cultivées
pour des besoins particuliers :
c'est le cas de la Rose de Provins ou " rosa gallica officinalis " aux propriétés médicinales reconnues :
préparée en confit ou en sirop, elle a des vertus apaisantes sur les maux de digestion ;
préparée en lotion elle assainit et purifie la peau ; préparée en sucre d'orge, elle adoucit la gorge...
Olivier de Serres (1539-1619), le fondateur de l'agronomie en France, reconnaît " de nombreuses vertus
à celle qui distille bonne eau de rose et servant aux apothicaires ès sirops et autres choses... ".
On raconte que Thibaut IV, comte de Champagne rapporte de son expédition à Jérusalem un rosier...
La tradition orale est solide, mais aucun texte de chroniques n'en apporte la preuve.
On peut imaginer que le poéte qu'il est aussi, est certainement émerveillé par la beauté des roseraies
situées dans les palais du sultan de Damas, on peut aussi imaginer que, de retour en Champagne,
il souhaite développer la culture de la rose sur les flancs du Châtel, on peut encore imaginer que,
de cette culture intensive naît le lien qui unit la ville à cette fleur, qui désormais est présente dans les traditions :
on offre aux visiteurs de marque, tels François Ier, Catherine de Médicis, Henri IV, Louis XIV...
Des coussins de pétales séchés, lors des processions de la Fête Dieu ou des communions solennelles,
on en lance sur le cortège des jeunes filles, on porte des chapeaux de rose...
On raconte aussi que Edmond de Lancastre, frère du roi d'Angleterre, époux en secondes noces de Blanche d'Artois,
veuve d'Henri III comte de Champagne, met la rose de Provins dans ses armes...,
rose rouge de la Guerre des deux roses... La culture de la " rosa gallica officinalis " connaît un déclin certain au XVIII
et au XIXe siècles dans la région, mais sous des cieux plus ensoleillés, dans les pays du Maghreb en particulier,
les roseraies et les exportations se développent.
Encore aujourd'hui la rose est fortement associée à la créativité gourmande provinoise :
à côté du confit de rose et des bonbons traditionnels, l'art du confiseur, de l'apiculteur ou du restaurateur propose du miel,
des chocolats, de la liqueur, des pâtes de fruit, des mets à la rose.
Si, en 1240, Thibaut rapporte une rose, c'est peut-être une rose de Damas qui permet par marcottage de créer des rosiers remontants - c'est-à-dire qui fleurissant plusieurs fois par an... et c'est une autre histoire...