Ma chouette Jeune papoteur
Nombre de messages : 303 Age : 68 Localisation : Pertuis Emploi/loisirs : Plein Humeur : Selon la votre hihihihihi. Date d'inscription : 25/03/2008
| Sujet: Re: Fables de La Fontaine. Sam 31 Mai - 19:05 | |
| et à vous.
Donc on continueeeeeee chouette :
L'HIRONDELLE ET LES PETITS OISEAUX.Une hirondelle en ses voyages Avait beaucoup appris. Quiconque a beaucoup vu Peut avoir beaucoup retenu. Celle-ci prévoyait jusqu'aux moindres orages, Et, devant qu'ils fussent éclos, Les annonçait aux matelots. Il arriva qu'au temps de la chanvre se sème, Elle vit un manant en couvrir maints sillons. Ceci ne me plaît pas, dit-elle aux oisillons : Je vous plains : car, pour moi, dans ce péril extrème, Je saurai m'éloigner, ou vivre en quelque coin. Voyez-vous cette main qui par les airs chemine ? Un jour viendra, qui n'est pas loin, Que ce qu'elle répand sera votre ruine. De là naîtront engins à vous envelopper, Et lacets pour vous attraper, Enfin mainte et mainte machine Qui causera dans la saison Votre mort ou votre prison : Gare la cage ou le chaudron ! C'est pourquoi, leur dit l'hirondelle, Mangez ce grain, et croyez-moi. Les oiseaux se moquèrent d'elle : Ils trouvaient aux champs trop de quoi. Quand la chènevière fut verte, L'hirondelle leur dit : Arrachez brin à brin Ce qu'a produit ce maudit grain, Ou soyez sûrs de votre perte. Prophète de malheur ! babillarde ! dit-on, Le bel emploi que tu nous donnes ! Il nous faudrait milles personnes Pour éplucher tout ce canton. La chanvre étant tout à fait crûe, L'hirondelle ajouta : Ceci ne va pas bien ; Mauvaise graine est tôt venue. Mais, puisque jusqu'ici l'on ne m'a crue en rien, Dès que vous verrez que la terre Sera couverte, et qu'à leurs blés Les gens n'étant plus occupés Ferons aux oisillons la guerre, Quand reginglettes et réseaux Attraperont petits oiseaux, Ne volez plus de place en place, Demeurez au logis, ou changez de climat. Imitez le canard, la grue et la bécasse. Mais vous n'êtes pas en état De passer, comme nous, les déserts et les ondes, Et d'aller chercher d'autres mondes ; C'est pourquoi vous n'avez qu'un parti qui soit sûr, C'est de vous renfermer au trou de quelque mur. Les oisillons, las de l'entendre, Se mirent à jaser aussi confusément Que faisaient les Troyens quand la pauvre Cassandre Ouvrait la bouche seulement. Il en prit aux uns comme aux autres : Maint oisillon se vit esclave retenu.
Nous n'écoutons d'instincts que ce qui sont les nôtres Et ne croyons le mal que quand il est venu.
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Chènevrière : Champ où l'on a semé du chanvre. Reginglettes : Machines à prendre les oiseaux. Cassandre : Fille de Priam, prédit les malheurs de Troie, et ne fut crue de personne.
Bonne soirée à tout le monde. | |
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